Le dépérissement à phytoplasme du Stolbur sur lavande et lavandin
Les producteurs de lavande et lavandin sont confrontés depuis plusieurs années à des mortalités précoces de leurs plantations, dont la cause principale est le dépérissement à phytoplasme du Stolbur.
L'agent pathogène en cause
Le phytoplasme du Stolbur est un microorganisme pathogène : une bactérie sans paroi qui a besoin d'un "hôte" pour survivre ; plante ou insecte. Il colonise les tissus criblés des lavandes et lavandins mais également d'autres plantes cultivées : la vigne (maladie du bois noir), la betterave sucrière (syndrome des basses richesses), la tomate, le poivron, le tabac... On peut également le retrouver sur des plantes autour des parcelles : le thym, le liseron et de nombreuses adventices.
L'agglutinement de phytoplasmes dans les vaisseaux provoque une modification des flux de sève, d'où un développement atrophié des différentes parties du végétal (feuilles, hampes florales, fleurs) dans un premier temps, puis la mort de la plante.
Le vecteur identifié du phytoplasme
Ce sont des cicadelles fulgores Cixiidae, insectes volants, qui font généralement la majeure partie de leur cycle biologique sur des plantes sauvages.
Ces insectes se reproduisent notamment dans le compartiment sauvage sur liseron ou sur ortie. Ils acquièrent et transmettent le phytoplasme en se nourrissant sur ces plantes qui servent de réservoirs naturels de la maladie.
Comme ces insectes sont polyphages, ils transmettent le phytoplasme du stolbur à de nombreuses cultures dont les solanées, la vigne, la fraise... et la lavande.
Il n'y a que dans le cas de la lavande que Hyalestes obsoletus est capable de faire son cycle biologique complet sur la plante, ce qui peut expliquer la gravité de la maladie.
source : ITEIPMAI
Ces insectes effectuent la totalité de leur cycle sur les plantes de lavande. Ils pondent en été et début d'automne ; l'œuf est toujours sain. On observe 5 cycles larvaires de fin mars à fin mai, durant lesquels l'insecte acquiert les phytoplasmes sur les racines de plantes déjà malades. Les larves sont très mobiles et transmettent la maladie de plantes en plantes sur le rang.
Issues des pontes d'été, les larves de cicadelles éclosent dans le sol dès le mois d'août, et elles commencent à s'alimenter sur les racines des lavandes. Elles passeront l'hiver dans le sol. A partir du mois de juin, les adultes issus des larves du 5ème stade apparaîtront.
L'adulte ailé apparaît à partir de juin et jusqu'à octobre. L'insecte est également vecteur à ce stade et sur des distances beaucoup plus longues.
Reptalus panzeri |
Pentastiridus beieri |
Hyalestes obsoletus |
La colonisation d'un champ de lavande par Hyalestes obsoletus
La colonisation d'un champ se fait soit par le compartiment sauvage, soit par les champs de lavandes et de lavandins environnants. Dès la première année. Hyalestes obsoletus peut coloniser un champ de lavande et s'y établir.
L'origine des contaminations par le phytoplasme du Stolbur pour une lavande
1. Possible contamination des boutures avant leur plantation en champ :
- Lors des prélèvements des boutures en champ, une plante sans symptômes peut être porteuse du phytoplasme du Stolbur. En 2008, 20 plantes sur 80 sans symptômes de dépérissement étaient tout de même porteuses du phytoplasme.
- Lors du vol des insectes du champ voisin dépérissant.
Dans les conditions ci-dessus, il y a un risque élevé de contamination des plants avant même leur installation en champ, donc un risque élevé de propagation de la maladie.
2. Contamination au champ :Dès l'année de plantation, les adultes de Hyalestes obsoletus colonisent le champ, et les larves se développent sur les racines.
Il y a donc chaque année au champ une augmentation des plantes réservoirs de phytoplasme et donc de la population de Hyalestes obsoletus.
La situation actuelle
Aujourd'hui, l'ensemble de la zone de production de lavandes et lavandins est touchée. Le nombre de plantes malades est stabilisée, mais le pourcentage de chance pour qu'un Hyalestes obsoletus ne s'infeste pas et ne transmette pas le phytoplasme au cours de son cycle est faible. Résultat : la durée de vie des plantations et les niveaux de rendements sont moindres.
En Drôme la situation s'est améliorée de façon conséquente.
Les producteurs ayant fait pour la plupart le choix - d'arracher massivement les plantations malades,
- de faire des rotations de cultures afin de couper le cycle de l'insecte vecteur,
- de remettre en place des parcelles avec du matériel végétal certifié sain.